Sous les pavés, la nature. Destinations touristiques privilégiées depuis plusieurs années, les villes parient de plus en plus sur les espaces naturels et verdoyants pour renforcer leur attractivité et profiter des bienfaits environnementaux. Des coulées de béton transformées en coulées vertes, des toits et des murs végétalisés, d’anciennes infrastructures transformées en jardins ou potagers : incontestablement, le vert gagne du terrain en ville… jusque dans vos hôtels !
L’écotourisme urbain késako ?
L’écotourisme est une forme de tourisme durable. Traditionnellement, l’écotourisme concerne les milieux naturels par opposition aux milieux urbains. Pourtant, depuis quelque temps, le vert s’installe en ville.
Si l’écotourisme traditionnel propose l’observation de la nature et promet au touriste de bénéficier de ses bienfaits, l’écotourisme urbain offre le même package… au cœur de la ville. L’écotourisme urbain pourrait ainsi être défini comme l’apparition d’un tourisme spécifique lié à la multiplication d’oasis de verdure dans les métropoles.
Des fleurs au bout du parvis
Contrairement aux idées reçues, l’écotourisme urbain apporte de nombreux avantages par rapport à son grand frère. L’écotourisme en milieu naturel nécessite bien souvent la construction d’infrastructures pour accueillir les touristes. Ces structures - bien que souvent pensées pour avoir un impact écologique moindre - peuvent nuire à la préservation de l’environnement dans lequel les visiteurs sont venus se ressourcer. En ville, elles existent déjà et en quantité suffisante pour faire face à un afflux important de visiteurs.
Par ailleurs, l’écotourisme traditionnel concerne une population déjà sensibilisée aux enjeux environnementaux et au tourisme durable. À l’inverse, l’écotourisme urbain permet d’atteindre des populations moins averties et de les initier aux pratiques durables.
Ainsi, l’écotourisme urbain réconcilie le béton et la nature. Les citadins apprécient mieux leur ville et la redécouvre au détour d’une rue où l’on a fait pousser des arbres, des fleurs, construit une ruche et une cabane à oiseaux, pour redonner leur place à ceux qui, longtemps, étaient restés exclus de cet environnement. Contre la pollution de l’air, mais aussi contre la pollution sonore et la pollution visuelle, l’écotourisme déploie son arsenal de havres de paix.
Serait-ce juste une tendance ? Rien n’est moins sûr : l’écotourisme ne semble pas prêt d’être délogé de son nouvel habitat. À l’approche de la Conférence sur le Climat à Paris - ou COP 21- qui se déroulera du 30 novembre au 15 décembre 2015, les villes sont nombreuses à faire entendre leurs voix pour montrer leur implication dans l’avenir écologique de la planète. Et l’enjeu de la COP 21 est de taille : trouver un accord universel juridiquement contraignant afin de maintenir le réchauffement climatique en-dessous de 2°C.
La ville de Paris a ainsi mis en place, dans le cadre de l’opération « Du vert près de chez moi », une application de crowdsourcing permettant aux citoyens de répertorier les emplacements de leur quartier qui, selon eux, pourraient être reconvertis en espaces verts. A Amsterdam, capitale des Pays-Bas, les bonnes résolutions frôlent l’insolite : en effet, grâce à la récupération du phosphore dans les urines, certaines toilettes publiques sont désormais capables de produire de l’engrais !
Les poumons de la vie citadine
Si Central Park est connu pour être le « poumon vert de New York », le développement de l’écotourisme urbain a pour objectif de donner à toutes les villes un nouveau souffle, pour attirer des touristes avides de culture comme d’air pur.
À Nice, dans le sud de la France, là où se trouvait auparavant l’ancienne gare routière, se trouve désormais la Promenade du Paillon, une coulée verte de 12 hectares, composée de 1 600 arbres, 6 000 arbustes, et de 50 000 plantes vivaces. Face à la Méditerranée, un miroir d’eau et un plateau des brumes contribuent à rafraîchir les promeneurs au cours de leur ballade.
Sur la côte Est de la Nouvelle-Zélande, l’écotourisme a pris une forme encore plus surprenante lorsqu’une colonie de pingouins a pris ses quartiers dans la ville d’Oamaru. «The Oamaru Blue Penguin Colony» est un ravissement tant pour les habitants que pour les touristes, qui pourront s’émerveiller au coucher du soleil du retour des animaux sur la plage après une longue journée en mer.
Dans plusieurs villes du monde des écoquartiers entiers émergent. Véritables îlots verdoyants, ils changent la ville du tout au tout. Ainsi, les touristes éco-responsables ne passeront plus par Londres sans visiter BedZED (Beddington Zero Energy (fossil) Development). Situé au sud de la capitale britannique, l’écoquartier - entièrement résidentiel - a obtenu des résultats remarquables avec une diminution de 50 % de son empreinte écologique.
L’agriculture urbaine, une aubaine !
De plus en plus, les citadins se font acteurs de la révolution verte de leurs villes et profitent de la moindre parcelle de terre disponible pour planter eux-mêmes quelques fleurs et égayer le paysage. De la même manière, certains ont eu l’idée de réintroduire l’agriculture dans la ville : une idée florissante qui suit la tendance du locavorisme. Ainsi, l’agriculture urbaine est en plein boom. Au-delà des potagers individuels ou communautaires qui apparaissent de-ci de-là, ce sont aujourd’hui de vraies fermes qui refont surface en ville. À Chicago, par exemple, se trouve la plus grande ferme verticale (et d’intérieur) du monde : FarmedHere. A Tokyo, l’agriculture s’est même invitée dans les locaux de 16 500 mètres carrés de la société Pasona, transformant les bureaux en exploitation agricole. Rizière, légumes, fruits, épices : tout y est !
Du vert dans les hôtels aussi ?
AccorHotels s’y connaît en potagers ! Le Groupe a justement pour objectif d’encourager les hôtels, quelle que soit leur surface disponible, à développer un espace à cultiver, et pourquoi pas servir aux clients les produits récoltés sur place. Le Pullman Paris Tour Eiffel, en France, abrite ainsi probablement le plus grand potager de Paris : 650 m2 de fruits et légumes, de fleurs, d’herbes aromatiques… ainsi qu’un poulailler et quatre ruches. L’idéal pour avoir des œufs frais lors du brunch du dimanche matin ! Certains plats conçus par le chef Andrew Wigger du Frame, le restaurant d'inspiration californienne de l'hôtel Pullman Paris Tour Eiffel, sont ainsi 100 % issus du jardin.
Et l’établissement est loin d’être un cas isolé ! Un peu plus loin, à deux pas du Sacré-Coeur, le jardin terrasse du Mercure Paris Montmartre fait écho au vignoble de la célèbre colline parisienne en cultivant ses propres grappes de raisin. En France toujours, les abeilles bourdonnent aussi sur les toits du Sofitel de Marseille Vieux Port : cinq ruches y produisent le miel qui sera copieusement tartiné sur le pain frais du petit-déjeuner quelques étages plus bas.
Plus surprenante encore est la production de spiruline, ce micro-organisme riche en protéines et en acides aminés, du Novotel de Siam Square, à Bangkok, en Thaïlande. De belles initiatives que l’on retrouve jusqu’en Côte d’Ivoire, sur les toits-terrasses de l’hôtel Ibis d’Abidjan Plateau, où tomates, oignons et compagnie sont gorgés de soleil… mais pas de pesticides !
Et pour le plaisir des yeux, rien ne vaut les espaces verts, tels que les touristes pourront en trouver au Novotel Lausanne Bussigny en Suisse, où une magnifique piscine naturelle, entourée de verdure, attend les nageurs. Mais grâce au botaniste et chercheur français Patrick Blanc, les murs végétaux apportent de la fraîcheur jusque dans l’intérieur des hôtels, en plein cœur des villes. Celui du Sofitel Dubaï The Palm Resort & Spa compte 170 variétés de plantes en provenance de France. Le Novotel Auckland Airport en offre également un bel exemple dans son hall d’entrée : une jolie manière d’accueillir les touristes de passage en Nouvelle-Zélande… et un bel aperçu de l’écotourisme urbain avant d’aller voir les pingouins d’Oamaru !